À Beaune, Bernard Salvat est une institution à lui tout seul. Ce directeur de discothèque a roulé sa bosse dans toute la France avant de faire escale en Côte-d’Or à la fin des années 90. Ce Montpelliérain s’est pris de passion pour la région et n’a plus voulu la quitter. À la tête du Copacabana à Beaune, il dirige cette boîte de nuit mythique avec bonhomie, bienveillance et joie. « Je veux que les gens s’amusent, qu’ils dansent et qu’ils se sentent en sécurité, c’est mon plus grand bonheur. » D’ailleurs, Bernard n’a jamais raté un weekend de toute sa carrière. « Je pars en vacances du lundi au jeudi et je reviens ! J’aime ça, que voulez-vous ! »
Bernard Salvat et les discothèques, c’est un coup de foudre. Ils se sont rencontrés dans les années 80 et ont fait, depuis, un sacré bout de chemin ensemble. « Je viens d’un petit village du Midi et, à mon époque, nous ne sortions pas en boîte de nuit, nous allions danser dans les bals ! Lorsqu’un ami m’a proposé de l’accompagner, j’étais réticent. J’avais 17 ans et j’ai passé l’une des meilleures soirées de ma vie. Au petit matin, je savais ce que je voulais faire ! » Un jour, Bernard ouvrirait une discothèque. « Pour un tel projet, il fallait beaucoup d’argent. J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai multiplié les petits jobs. » Son diplôme d’électromécanicien en poche, il travaille sur des chantiers et se crée un réseau. « On m’a proposé de partir travailler dans le golfe Persique. Je suis jeune, impétueux et téméraire, j’ai dit oui sans sourciller. » Or, à ce moment-là, l’Iran et l’Irak sont en guerre mais Bernard fonce. « Les primes de risque étaient astronomiques ! » À son retour en France, il est bien décidé à dilapider son petit pactole dans une seule chose, la création de son établissement. Il se forme au métier et trouve un établissement en liquidation à Bourges. « Je me sentais prêt à me lancer dans cette nouvelle et folle aventure ! »
La ténacité de Bernard Salvat paie et il ouvre en 1980 sa première discothèque, Number One, à Bourges. « J’ai tout imaginé de A à Z. Déco, ambiance, musique, j’avais une idée bien précise de ce que je voulais. Mais ce qui primait pour moi, et encore maintenant, c’est la convivialité. J’ai à coeur que mes clients se sentent à l’aise, soient bien reçus, dans le plus grand des respects. Chez moi, il n’y a pas de table VIP, pas de bouteilles de champagne émoussées de partout. Chez moi, tout le monde est logé à la même enseigne et tout le monde doit bien se comporter. Si quelqu’un déroge à cette règle, il prend la porte. » Avec Bernard, la messe est dite. « J’aime mon métier, je le fais avec entrain et vigueur et personne ne viendra m’embêter ! » Cette force de caractère se traduit dans l’évolution de son parcours. Il crée une deuxième boîte de nuit à Bourges. Puis, à la fin des années 80, il part voguer vers d’autres horizons, Meaux, Clermont-Ferrand, Troyes et Chalon-sur- Scène. « J’ai fait mon tour de France des discothèques. Quand j’arrivais dans une ville, je m’intéressais aux lieux de sortie puis je réfléchissais posément. Comment faire d’un endroit délaissé un endroit à la mode ? Je mettais le doigt sur le problème et je cherchais à le résoudre. » Homme de challenge, Bernard met sa pâte dans chacun de ces projets. « Je me suis créé plein de jolis souvenirs et je suis fier d’avoir redonner vie à ces endroits, aujourd’hui en bonne santé financière et avec une image redorée. C’est ma marque de fabrique. J’aime que les choses soient bien faites ! » assume-t-il.
L’histoire se poursuit à Beaune en 1999. Bernard saisit l’opportunité de reprendre les rênes de l’Opéra Night, un établissement connu de tous les Beaunois. « En toute honnêteté, j’ai eu un coup de coeur pour la région. C’est un endroit privilégié, il y a ce charme inexplicable. À Beaune, j’ai décidé de m’impliquer plus qu’à l’accoutumé et de fonder ma petite famille. » Dès lors, Bernard rachète le Copacabana en 2005, un ancien cabaret en dépôt de bilan. Le pari était risqué (après la fermeture de l’Opéra Night en 2007) mais il s’avère réussi, puisque vingt plus tard, il fait toujours carton plein. « Beaucoup diront qu’au Copa, la musique est populaire. C’est assumé ! Nous faisons régulièrement des travaux d’embellissement pour offrir u cadre sympa, nous adaptons des tarifs abordables, nous faisons appel à des Dj en vogue, mais nous gardons aussi notre âme et je vous assure que la jeunesse s’éclate sur la musique des années 80 ! ». De plus, au Copacabana, Bernard a toujours l’œil aiguisé. « Je surveille tout. Je me balade dans la salle. Je croise les enfants de mes anciens clients, certains même
qui se sont rencontrés ici, et je chaperonne. Les gens qui viennent au Copa recherchent un lieu de fête et veulent avoir l’esprit léger. Je m’attache à leur apporter tout cela. » D’ailleurs, depuis la fin de la crise sanitaire, Bernard n’a jamais eu autant de boulot. « C’est de la folie ! Après deux ans sans danser, sans rire, les clients ont besoin de s’éclater. C’est une nouvelle génération qui n’a pas connu la fête, alors en bon fêtard, je me fais un plaisir de leur faire découvrir cet univers. »
Charlène Raverat