ANTHONY FAVIER EXERCE UN MÉTIER ENCORE TROP PEU CONNU DU GRAND PUBLIC, IL EST LUTHIER EN GUITARE. DE SON AMOUR POUR LA MUSIQUE, SON GOÛT POUR LE TRAVAIL DU BOIS ET SON ENVIE D’UNE VIE LIBRE EST NÉ SON PROJET D’ENTREPRISE « FAVIER GUITARS », IMPLANTÉE DEPUIS 2016 À DEMIGNY, EN SAÔNE-ET-LOIRE. RENCONTRE.
Avant de se lancer dans cette aventure en Bourgogne, Anthony Favier a étudié et travaillé dans le milieu scientifique. Ingénieur de formation, il a pris un virage à 180 degrés en quittant son bureau en micro-technologies pour un atelier. Aujourd’hui à 41 ans, le luthier se dit fier et heureux de pouvoir s’épanouir en tant que chef d’entreprise, autour du travail du bois. En tant que luthier guitare, il crée et répare les instruments à cordes pincées tels que les guitares acoustiques et électriques et les basses. À savoir s’il se considère plutôt comme un artiste ou un artisan, Anthony confie se voir « avant tout comme un artisan qui fabrique, répare et règle des guitares en utilisant [ses] compétences techniques », avec comme mission finale de satisfaire au mieux ses clients. Du choix de l’arbre en passant par la découpe, l’assemblage jusqu’au vernis, Anthony est capable de créer un instrument de A à Z, en apportant un grand soin aux aspects esthétiques et mécaniques de chaque pièce unique qu’il créée. « Je cherche la perfection et l’excellence dans chacune de mes créations, je veux que le résultat soit impeccable – que ce soit sur le son ou l’esthétique – et je peux passer par des moments de pression intense pour parvenir à mes fins », explique le luthier. Pour créer une guitare sur mesure, l’artisan investit entre 70 et 250 heures de son temps. Résultat, l’instrument prend vie dans les mains d’un musicien, pour un budget variant entre 3 000 et 7 000 euros. Quand il n’est pas en train de créer une pièce unique, Anthony gère les demandes de réparation et de réglage des instruments qu’on lui apporte. « Je dois faire en sorte que l’instrument soit le plus facilement jouable possible sans avoir de parasite sonore », explique-t-il. Et quand il ne s’attèle pas à la gestion courante et opérationnelle de son entreprise, le luthier se consacre à la recherche de sa matière première : le bois.
Pour l’amour du bois
Rencontrer les propriétaires d’arbres, les sélectionner, puis les tronçonner : Anthony Favier savoure ces instants au plus proche de ce matériau indispensable à son travail, sans avoir la pression de la précision qu’il vit au sein de son atelier. « Je me fournis en bois partout dans le monde, c’est-à-dire que je peux aussi bien trouver des pièces déjà préparées pour la lutherie à Hawaï que me procurer des arbres entiers au plus proche de chez moi », explique le luthier, précisant qu’il sélectionne ses matériaux en prenant en compte deux aspects indispensables : « L’esthétique et la mécanique ».Si certaines parties de la guitare doivent avant tout être mécaniquement stables, d’autres parties permettent à l’artisan de laisser libre cours à l’esthétique sans contraintes mécaniques. Un jeu d’adresse et de finesse entre ces deux critères qui rendent le travail d’Anthony encore plus délicat et fascinant. « J’utilise ce que la nature peut produire de plus beau et de plus rare, avec un esthétisme hors du commun issu des racines, des fourches ou encore des défauts de malformation », confie l’artisan. Pour les parties qui représentent le plus gros volume de ses instruments (manche et corps), Anthony apprécie particulièrement le maniement des bois mi durs comme les érables, l’acajou, les noyers et l’aulne. Quant aux plus petits éléments d’une guitare comme la table et la touche, il se tourne souvent vers le poirier, l’ébène du Gabon et de Macassar ou encore les palissandres qui regroupe une grande famille d’espèces : indien, indonésien, bois de rose ou de violette, le cocobolo et bien d’autres. Fasciné par son travail, Anthony déplore que le métier de luthier soit encore trop peu connu et valorisé. « Il y a près de 400 luthiers en France et contrairement à ce qu’on peut penser, ce n’est pas du tout un métier en déclin, car il attire beaucoup de personnes en reconversion qui sont passionnées et qui parfois même travaillent à côté tout en développant leur projet d’entreprise », assure-t-il. Avant d’ajouter : « L’enjeu est de se faire connaître par un maximum de monde pour prouver qu’on existe et qu’on peut avoir besoin de nous. » Anthony Favier passe parfois des instruments à des aménagements mobiliers – cela permet d’utiliser les bois précieux, mais non adaptés à la lutherie. Mais il faut que le projet soit exceptionnel.
Jamie Lee MICHEL
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Favier Guitars
1 Place Carnot 71150 DEMIGNY
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07 68 68 36 36
www.favierguitars.com
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