On serait probablement surpris de nos propres réponses si l’on se demandait en toute sincérité, à un instant donné, quelles sont les images qui nous restent de notre vie d’humain. Une part non négligeable serait sans doute constituée d’évènements ou de situations qui nous ont parus anodins sur le moment et qui, pourtant, persistent en nous comme des moments de grâce, des visions que l’on convoque ou qui nous reviennent malgré nous, longtemps après leur survenue, pour nous faire sourire, nous rendre heureux, nostalgiques, et nous font nous sentir vivants, porteurs d’une histoire constellée d’émotions personnelles et partagées. Cette marche de fortune dans un paysage qui nous remplit d’une joie antique, cette parenthèse de plaisir autour du rectangle d’une table comme figure géométrique de l’amitié, ce moment de passion offert par ceux qui se donnent du mal pour faire bien, cette discussion infinie sous des frondaisons frémissantes …
“Que reste-t-il de nos amours ? “ Se demandait Charles Trenet dans l’une de ses plus belles chansons, et ses réponses tenaient dans la simplicité d’images sensibles : “baisers volés, rêves mouvants, un petit village, un vieux clocher, un paysage si bien caché…“.
Nul doute que ces coteaux ourlés par la main de l’homme, ces ouvriers et ouvrières du bon et du beau que l’on rencontre au fil des pages de ce magazine seront porteurs d’expériences qui continueront à vivre en nous comme des étincelles de bonheur douées d’une forme de permanence.
Bonne lecture à toutes et tous !
Mario Barravecchia
Directeur de la rédaction