RAYMOND LORETAN : HOMME D’ENGAGEMENT ET DE CONVICTION

par | 20 Juin, 2023 | Interview

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À 67 ans, Raymond Loretan est un entrepreneur politique suisse, comme il se décrit lui-même, au parcours impressionnant. Homme de mouvement et d’action, il fait consciencieusement ses 10'000 pas par jour pour se maintenir en forme et méditer. Dans le monde du travail comme dans la vie personnelle, Raymond Loretan estime que la réussite découle de l’addition de petites choses et la régularité de l’effort. Portrait d’une figure inspirante et engagée.

Tout d’abord, pourriez-vous vous présenter en quelques mots, qui est Raymond Loretan ?
Juste quelqu’un qui essaie de donner une dynamique à des projets, quand la vitesse de croisière est atteinte, je passe à un autre. Mon métier, c’est aussi de connecter des acteurs et les fédérer au Service d’une cause ou d’un objectif.

Vous êtes président du Grand Prix d’Horlogerie de Genève GPHG depuis 2019, pourriez-vous rappeler en quelques mots la raison d’être de l’évènement mais surtout ce que vous avez eu à coeur d’apporter en endossant ce rôle ?
Le (GPHG), c’est les « Oscars de la montre », une compétition qui, annuellement, vise à sélectionner et à récompenser les plus belles montres du monde. En prenant la présidence en 2019, j’ai voulu un changement de paradigme dans le processus de sélection des candidates et nous avons créé en 2020 une Académie internationale du GPHG qui compte actuellement quelques 850 membres. Celle-ci est garante de trois principes fondamentaux qui donnent leur légitimité au GPHH : sa neutralité incontestable, son universalité et sa solidarité avec l’ensemble de la branche horlogère mondiale. Les axes de développement du GPHG sont bien évidemment la création et l’innovation mais également l’éducation pour éveiller l’intérêt des jeunes, la durabilité mais dans le respect de la valeur patrimoniale de l’art horloger.

Vous présidez également l’entreprise Swiss Medical Network, quelles sont vos actions et ambitions au sein de celle-ci ?
À l’appel d’un ami entrepreneur, j’ai quitté mon poste d’Ambassadeur en 2006 pour construire ce groupe avec lui. Aujourd’hui Swiss Medical Network a atteint une belle masse critique qui nous permet de proposer, là aussi, un changement de paradigme dans le système de santé suisse. Nous visons à créer des réseaux de soins intégrés avec un système de financement par capitation, sur le modèle de Kaiser Permanente aux États-Unis. Ces organisations de santé holistiques accompagnent leurs membres dans la prévention et sur tout leur parcours de patient jusqu’au retour à domicile. Nous gérons le capital santé selon des critères de qualité, d’efficacité et d’économicité ce qui devrait aussi amener une maîtrise des coûts tout en améliorant la prise en charge.

Vous présidez la Genolier Foundation for medical solidarity, pouvez-vous nous en dire plus ?

Il s’agit d’une fondation caritative qui vise essentiellement à soutenir les patients défavorisés qui passent entre les mailles du filet social et des caisses maladie et de leur permettre d’accéder à des soins et des technologies médicales qui ne sont pas à leur portée. Cette Fondation distribue aussi du matériel et des équipements médicaux dans des pays dans le besoin et soutient des actions sanitaires dans des situations de crise.

En tant qu’ambassadeur de Suisse à Singapour ou encore consul général de Suisse à New York, vous avez beaucoup voyagé, quels souvenirs avez-vous ramené de ces expériences à l’autre bout du monde ?
J’ai appris à contextualiser, chaque pays évolue dans un environnement politique, social et culturel différent et doit être évalué par rapport à ces paramètres-là. Le respect des différences est crucial. Certes il y a des valeurs universelles mais je ne crois pas en une vérité absolue. Nous les Suisses somment des privilégiés. Certes c’est en partie notre propre mérite, mais nous avons une qualité de vie incomparable, insolente parfois. Cela entraîne aussi un devoir de solidarité. Par ailleurs, j’ai été touché de voir que dans certains pays défavorisés, même oppressés, la joie de vivre des habitants et le recours à des valeurs simples telle la famille, supplante leurs malheurs. Dans ces régions, il n’y a pas d’alternative à l’optimisme.

Ayant endossé de nombreuses fonctions différentes, pourriez-vous dire que vous avez préféré l’une d’elle aux autres ?
À cette question je réponds toujours que je les ai toutes préférées. J’évite de comparer. Chaque fonction doit représenter la somme de mes expériences passées avec un véritable défi, où il y a prise de risque et besoin d’apprendre. L’une a conduit à l’autre.

D’ailleurs, avez-vous une anecdote infiniment marquante à nous raconter sur votre parcours ?
Pas vraiment, je ne me retourne que rarement, je m’efforce d’être dans le présent. Mais il y a ces petits coups de pouce que l’on a donné et l’on apprend plus tard, parfois par hasard, que cela a débouché sur une solution ou débloqué une situation. Cela fait sourire à la vie et il ne faut pas oublier de lui dire merci.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaite entreprendre, quel que soit le domaine, pour créer, innover, intégrer son talent au monde d’aujourd’hui et de demain ?
Chacun doit trouver son propre chemin. Je lui dirais d’oser sortir de sa zone de confort et je lui parlerais de quelques règles que je suis. La première, c’est que de plusieurs choix, je prends celui qui est le plus universel, et qui me laisse le plus libre possible pour l’avenir. Ma deuxième règle, je l’ai déjà mentionnée plus haut, l’addition des expériences passées avec un défi en plus, avec une part d’inconnu qu’il faudra apprendre à maîtrise. La troisième, c’est d’oser la rupture, avoir confiance en son choix et supporter le regard incompréhensif des autres. Et finalement garder à l’esprit cette citation de Saint-Exupéry qui disait que, « l’avenir, il ne faut pas le prévoir, il faut le permettre ». Faire son travail au mieux ici et maintenant.

Jamie Lee CROUZIER

Raymond Loretan

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