Pouvez-vous nous raconter vos débuts au cinéma jusqu’aux grosses productions hollywoodiennes comme Batman ?
J’ai grandi à Paris et j’ai commencé à prendre des cours de théâtre à l’âge de dix ans. Puis je me suis retrouvée à faire des représentations publiques et dans des maisons de retraite et c’était une super idée pour offrir du plaisir au public.
Je ne sais pas si c’est Dieu ou l’univers qui a de l’humour, mais parfois on ne sait pas pourquoi les choses arrivent et pourtant elles arrivent.
J’ai tourné des publicités, j’ai intégré les Cours Florent, j’ai pris un agent et les événements se sont enchaînés entre la France et les États-Unis. Et en effet, j’ai eu l’opportunité incroyable de jouer dans Batman – Dark Knight de Christopher Nolan. Avant cette œuvre qui l’a vraiment propulsé aux sommets, j’avais adoré son film avant-gardiste Memento, et donc je ne pouvais que me réjouir de travailler aux côtés de ce génie du cinéma.
Quelles différences avez-vous ressenties entre le monde du cinéma en France et aux États-Unis ?
Je me suis davantage reconnue dans le cinéma américain pour plusieurs raisons, à commencer par mon côté rigoureux qui correspond plus à la vision américaine du métier.
Aux États-Unis, il y a aussi beaucoup plus d’opportunités, on peut passer jusqu’à huit castings par jour. Il y a plus de compétition, mais on peut se faire sa place quand on est assidu et qu’on travaille. Ça ramène au côté positif de se surpasser et de se donner les moyens, alors qu’en France, je trouve le milieu plus fermé avec beaucoup de copinage et de cooptation.
Vous êtes apparue régulièrement dans l’émission Touche Pas à Mon Poste (TPMP). Qu’est-ce que vous retirez de cette expérience télévisuelle ?
Ce n’était absolument pas prévu ! Je suis allée sur le plateau en tant qu’invitée et on m’a proposé de devenir chroniqueuse.
À cette période de ma vie, j’étais dans ma petite bulle d’actrice, mais j’étouffais de plus en plus face aux crises politiques qu’on vivait, de voir la menace pesante sur la liberté d’expression et de créer. Je ne pouvais plus continuer à subir sans rien dire, alors c’était une belle occasion de donner mon avis.
TPMP, c’est une aventure incroyable, semblable à rien, c’est un ouragan dans une vie. Je dirais même que ça m’a aidée dans mon métier d’actrice de travailler dans des conditions d’urgence du moment avec un milliard de critères à prendre en compte.
C’est trois heures de direct par jour durant lesquelles on est soi-même, sans filet, et c’est encore plus intense qu’au théâtre car on ne peut pas se cacher derrière un rôle.
Quelles sont les idées qui vous tiennent particulièrement à cœur de défendre ?
Je suis profondément attachée aux libertés fondamentales qui, selon moi, sont en grand danger aujourd’hui.
J’ai eu un vrai déclic au moment de la crise des Gilets Jaunes et du traitement médiatique qui en a découlé. J’ai été choquée par l’injustice d’accabler des personnes en position de faiblesse.
Puis lors de la crise sanitaire du Covid, je me suis réellement questionnée sur l’avenir de nos enfants.
Justement, en tant que maman, quel regard portez-vous sur la société que l’on construit pour nos enfants ?
Je suis inquiète de voir que certaines mesures peuvent leur offrir moins de liberté, moins de possibilités pour l’avenir.
J’aimerais qu’on retrouve un vrai leader qui donne envie de se transcender, comme le coach d’une équipe qui réunit des personnalités différentes et qui cherche ce qu’il y a de meilleur chez chacun pour bâtir une société saine.
Il faut retrouver un but existentiel commun pour avoir envie de se lever chaque matin avec la joie de vivre pour accomplir quelque chose de profond.
Ressentez-vous une pression quant au fait d’exprimer clairement ces idées de manière publique ?
Je me considère comme une personne extrêmement modérée. Dans la folie de l’actualité, ce qui me semblait être des évidences a pu apparaître pour certains comme des idées transgressives.
Mais j’ai surtout reçu un flot d’amour incroyable de la part du public car j’ai évoqué des sujets qui touchent à la vraie vie des gens, et ça tisse forcément des liens très forts.
Il y a peu, une femme en voiture s’est arrêtée près de moi avec les larmes aux yeux et m’a remerciée pour ce que je disais — ça n’a pas de prix.
Quels sont vos projets et vos actualités du moment dont vous aimeriez nous parler ?
Je poursuis la diffusion de mon podcast La vie en Rosen, dans lequel j’évoque chaque semaine, avec mes invités, de grands sujets de société. Mais surtout, j’y ajoute un prisme humain, et je propose des outils pour que chacun puisse penser les choses par soi-même.
J’attends aussi de voir ce que la rentrée me réserve à la télévision. Et puis, j’ai d’autres projets en tête : il faut que je trouve le bon équilibre pour organiser mon temps entre ces différentes idées, qui me permettent de continuer à m’exprimer et à créer.
C’est aussi …