Bilel LATRECHE

Quelques semaines avant votre prochain combat, comment vous sentez-vous ?

Très bien ! e me sens en forme physiquement ! Je ne vais pas vous cacher que cette dernière compétition m’a énormément boosté et m’a offert de belles ondes positives. La crise sanitaire avait mis un sacré coup d’arrêt à nos disciplines. Il était très compliqué d’organiser des rencontres sportives et, de pouvoir de nouveau boxer et de surcroît dans un cadre international, a été des plus bénéfiques. J’ai engrangé beaucoup de confiance et j’ai eu l’envie de relancer ma carrière ! Avec mon staff, nous avons établi un nouveau plan d’entraînement pour les mois à venir et programmer des rencontres officielles avec le désir de gagner de nouveaux titres en 2023 et en 2024. La boxe anglaise est ancrée en moi, elle me fait vibrer et, aujourd’hui, mon corps répond à mes volontés et mon équipe me soutient contre vents et marées alors allons-y !

Est-ce le regard et le recul sur votre belle carrière d’athlète qui vous permette de trouver ainsi ce regain de motivation ?

Je me suis toujours entraîné avec le sou- hait d’être dans les meilleurs. J’ai vécu des années difficiles après une blessure qui m’a arrêté plus d’un an mais j’ai toujours voulu y croire et je me suis, surtout, donné les moyens d’y croire. La boxe est un effort de chaque jour. Il est certain que lorsque j’ai débuté la boxe à l’âge de 13 ans, je n’au- rais jamais imaginé pouvoir réaliser autant de rêves. Pouvoir gagner des titres de Champion de France, intégrer l’équipe de France Olympique, devenir boxeur professionnel et remporter des titres prestigieux internationaux. C’est une chance inestimable mais que j’ai construit à la sueur ! La boxe demande une dose colossale de rigueur, de courage et d’abnégation. C’est pour ça que j’aime tant cette discipline, car elle me ressemble. J’aime me dépasser et je sens que j’ai encore l’énergie pour monter sur le ring et espérer, cette année, atteindre le Top 4 dans ma catégorie (mi-lourds).

En dehors du sport, vous avez également d’autres casquettes et menez des actions sociales auprès des jeunes de votre département. Dites-nous en plus.

Il est vrai que j’ai toujours eu le souhait d’être un athlète de haut niveau qui sait conserver une certaine accessibilité pour les jeunes issus des quartiers (Bilel est cadre territorial à Dole). Je n’oublie pas que je viens d’un milieu populaire et que je suis aussi bi-national (double nationalité française-algérienne). Pour l’anecdote, lorsque ma mère m’a inscrit à la boxe, elle voulait que j’y apprenne les valeurs de respect et d’humilité car je prenais la compétition beaucoup trop à cœur et je devais canaliser ces excès. J’avais besoin de recevoir des coups pour mieux me remettre en question face à l’échec et comprendre qu’il n’y a pas de fatalité. On peut se relever de tout et c’est vraiment ce que j’essaie de communiquer aux jeunes. Certains me considèrent comme un exemple à suivre, c’est très flatteur, mais je leur explique lors des cafés partagés que nous organisons dans les quartiers, qu’un succès n’arrive jamais par hasard. Je les incite à travailler durement, à l’école bien sûr et dans toute passion qui pourrait les animer. C’est mon rôle d’être dans la prévention et dans la médiation avec eux.

Vous semblez d’une sagesse infinie. Cela doit avoir été un atout majeur pour mener à bien votre carrière ?

Comme je le disais, plus jeune j’étais plus fougueux mais il est vrai que j’ai acquis de nombreuses compétences depuis dix ans grâce à mes engagements et je suis beau- coup plus serein dans mon quotidien. Mais je reste un hyperactif et je m’intéresse à des univers très variés. J’ai pu passer un diplôme de comptabilité, d’éducateur spécialisé et je me suis formé récemment à la psychologie et la sophrologie. Je veux toujours avoir une longueur d’avance sur mon avenir et le préparer avec les bonnes cartes. J’espère pouvoir boxer encore deux belles années mais je n’oublie pas de développer d’autres projets en parallèle. À présent, je suis très attiré par l’uni- vers entrepreneurial. Mais mon implication auprès de l’insertion sociale et professionnelle des jeunes est prioritaire et me tient pleinement à cœur. C’est un engagement républicain fort et j’aspire à les accompagner dans leur parcours de vie pour s’in- sérer de manière positive dans la société. Le secret est de croire en soi !