L’HISTOIRE DE CLARISSE DE SUREMAIN EST CELLE D’UNE FEMME FORTE QUI A SU FAIRE DE SA VIE UNE AVENTURE PLEINE DE REBONDISSEMENTS ET À SON IMAGE : PASSIONNANTE ET EN HARMONIE AVEC LA NATURE. NÉE D’UNE MAMAN VIOLONISTE, CLARISSE A LONGTEMPS CÔTOYÉ LE MONDE DE LA MUSIQUE EN TANT QUE PIANISTE ET ÉLÈVE AU CONSERVATOIRE. MAIS ALORS QU’ELLE N’ÉTAIT ENCORE QU’UNE JEUNE FEMME, ELLE A DÉCIDÉ DE PRENDRE UN TOURNANT : DEVENIR VIGNERONNE.
Avant les vignes, la musique fut un chapitre de la vie de Clarisse de Suremain. « Je m’épanouissais beaucoup, mais j’ai compris que ce milieu n’était pas fait pour moi, je voulais un mode de vie plus stable dans lequel je me sentirais vraiment à ma place », confie-t-elle. À l’âge de 20 ans, Clarisse intègre une école de commerce pour s’ouvrir un maximum de possibilités de carrières. Là encore, cette dernière comprend vite que passer ses journées dans le bureau d’une immense tour n’est pas ce à quoi elle aspire. Mais cette formation n’est pas vaine, puisque durant celle-ci, Clarisse fait son premier pas professionnel dans le milieu viticole. « J’ai choisi de rédiger mon mémoire sur le domaine familial appartenant à mon oncle et à ma tante. J’ai taillé les vignes avec eux et j’ai eu un déclic », explique-t-elle. À 25 ans, le tournant est pris pour la jeune femme, qui se forme alors à Beaune. Sa nouvelle vie est lancée et Clarisse travaille pendant deux ans avec des vignerons avant de vouloir prendre son envol. En 2019, elle créé sa société de négoce à défaut de détenir ses propres vignes. À force de patience et de persévérance, la nouvelle vigneronne obtient ses premières terres de coteaux bourguignons en bas de Volnay et Pommard, puis une parcelle de Monthélie. Mais sans cuverie, difficile de produire son propre vin. « J’ai pu compter sur l’aide d’autres vignerons lorsque je n’avais pas de cuverie entre 2020 et 2022, et je veux qu’on sache que l’image de mauvaise ambiance qui règne dans le monde du vin n’est pas vraie partout. J’ai rencontré des personnes fabuleuses qui m’ont tendu la main et m’ont pris au sérieux », insiste Clarisse. Depuis 2022, cette dernière possède enfin sa propre maison avec cuverie dans ce qu’elle appelle « le plus joli coin de la Côte de Beaune », à savoir à Sampignylès- Maranges. Dans ce village aux allures de carte postale, la vigneronne jongle désormais avec passion entre production et négoce. Dans une lignée d’héritage familiale, Clarisse travaille en bio. Ses vins, elle les élève 100 % en fûts de chêne d’occasion pour ne pas trop marquer le vin du goût du bois. Le tout, dans des contenants de 500 l pour un élevage en masse, et pendant un an minimum avant d’être mis en cuve pendant plusieurs mois. Cette approche, qui laisse le temps aux arômes de se dévoiler et aux vins de s’exprimer en toute liberté, reflète à la fois son attachement aux traditions familiales et son désir de modernité. « Rien ne me fait plus plaisir que lorsqu’on recommande d’acheter mon vin pour passer de bons moments », confie Clarisse. Avant d’ajouter : « J’attache une grande importance au partage, moi-même je n’ouvre jamais une bouteille seule, car c’est un moment qui se doit convivial ». Quant à la place que tient aujourd’hui la musique dans sa vie, Clarisse évoque avec bonheur son nouveau rôle depuis 2022 : « Je dirige la chorale ‘Les voix de la Cozanne’ à Nolay et je suis en 2ème année de direction de cœur au Conservatoire de Chalonsur- Saône », déclare-t-elle avec enthousiasme. Aujourd’hui, ce passe-temps très prenant fait partie intégrante du quotidien de Clarisse, qui utilise ses compétences de pianiste pour s’atteler à cette discipline. « J’essaie de créer des passerelles entre musique profane et musique sacrée en proposant des programmes de concerts dans les églises de la Côte de Beaune », explique-t-elle.
Reconnaissance et ambitions
Quant à son activité de vigneronne, Clarisse se dit consciente des défis de son métier. Elle envisage, pour 2026, de développer la « vigne haute », dont elle explique les intérêts : « Les raisins poussent plus haut et sont donc moins atteints par les maladies, de même que le feuillage plus grand permet de créer une ombre portée d’un rang sur l’autre pour assurer une belle maturité des grappes », explique Clarisse. « Et en plus, la vigne haute permet un labour plus doux et des contraintes humaines moins lourdes car on a moins à se baisser. » Aujourd’hui, Clarisse de Suremain incarne cette vision d’un métier à la fois rude et profondément humain. Elle a su transformer un parcours initialement tracé dans le monde de la musique en une véritable vocation où chaque saison apporte son lot de défis et de satisfactions. Son ambition ? Étendre ses parcelles, mais aussi recentraliser le marché pour réussir à vendre son vin localement. « Il y a beaucoup de vignerons talentueux et accessibles qui ne font pas de bruit », insiste Clarisse. Avant d’ajouter : « Je veux dire à quel point j’ai de la chance de pouvoir m’appuyer sur des prestataires incroyables, comme le consultant Guillaume Raphat qui avec sa grande expérience dans le monde du vin, m’apporte ses connaissances techniques et ses bonnes intuitions au quotidien ». Et puis un jour, transmettre son domaine à sa fille pour perpétrer son histoire, celle d’une femme qui a osé changer de partition pour écrire, au rythme des saisons, une symphonie unique où la passion, la persévérance et l’amour du terroir se rencontrent et se partagent. Clarisse de Suremain n’est pas seulement une vigneronne ; elle est une artiste qui compose chaque cuvée comme une œuvre, invitant ses convives à un moment de partage, de convivialité et d’émotion, là où chaque bouteille raconte son histoire.
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