« La richesse se trouve dans le partage de nos différences »

par | 27 Juin, 2023 | Interview

Partager :

Basé sur la confiance et le partage, le Cercle des Dirigeants d’Entreprises (CDE) de Genève n’a cessé de démontrer, en bientôt trente ans d’existence, le bien-fondé de sa démarche. Rassembler des dirigeants de tous secteurs pour échanger et créer ensemble de nouvelles opportunités d'affaires tel est le leitmotiv de Enza Testa Haegi, fondatrice et présidente de ce club d’affaires. En se réunissant régulièrement et en ouvrant leur carnet d'adresses aux autres membres du groupe, ce réseau a prouvé son efficacité. Rencontre avec Enza Testa Haegi.

Quelle a été la démarche qui vous a conduit à créer ce Cercle des Dirigeants d’Entreprises de Genève ?
Le Cercle des Dirigeants d’Entreprises de Genève aura 30 ans en 2024. Il a été fondé le 10 mai 1994. À cette époque, nous ne parlions absolument pas de réseaux. Il n’existait rien de ce type à Genève. Les jeunes entrepreneurs que nous étions avons dû faire face à une vraie crise économique suite à l’envahissement du Koweït par l’Irak en août 1990. Tout était latent, nous nous en sortions pas. Avant la situation économique était marquée par un marché de l’emploi très porteur avec un quasi 0 % de chômage à Genève. Une  époque d’or où l’on venait nous chercher encore étudiants pour travailler. Cette crise des années 90 a fait bondir un taux de chômage à près de 10 %, sans compter avec le non-renouvellement des frontaliers et la disparition du statut des saisonniers. Nous vivions une époque que nous n’avions jamais connue. Je présidais alors l’association des petites et moyennes entreprises et je sentais bien que les dirigeants avaient besoin de parler de leurs difficultés, de raconter ce par quoi ils passaient, de chercher des solutions, d’échanger des cartes de visites, fait rare qui se faisait bien sûr, mais pas vraiment ouvertement jusqu’alors. Ainsi, l’idée de créer le 1er réseau d’affaires, à Genève – fondé avec 130 amis-dirigeants – afin de permettre aux entrepreneurs de s’exprimer, d’échanger les connaissances professionnelles autour d’évènements proposés tels que des conférences, visites d’entreprises, débats, sous forme de petit-déjeuner, déjeuners, after-work ou soirée, afin de pouvoir satisfaire, tant en
horaires qu’en propositions, le plus grand nombre de personnes. Il nous a semblé utile, si ce n’est indispensable, de proposer aux dirigeants de ne pas rester la tête dans le guidon, mais au contraire la lever et se poser pour voir comment les choses avancent autour de lui, surtout dans ce monde actuel qui évolue de plus en plus vite. Le CDE a aujourd’hui un parcours bien établi et reconnu.

Pouvez-vous nous retracer votre parcours entrepreneurial ?
Très vite après mes études, j’ai compris que je souhaitais être indépendante ! C’est ainsi que j’ai ouvert ma première société de placement de personnel. A cette époque, pour placer du personnel… il fallait pouvoir « trouver » le personnel qualifié ! C’est
pourquoi, l’idée m’est venue de créer un tout-ménage : « le Journal de l’emploi » qui, financé par des annonces d’emploi, proposait un rédactionnel axé économie, formation et qui donnait la parole aux créateur d’entreprises. Cet hebdomadaire a peu à peu évolué en mensuel économique et changé de nom pour prendre celui de L’Extension. Aujourd’hui, il fait partie d’un groupe de presse basé à Annecy et est le seul magazine transfrontalier.

Pouvez-vous nous expliquer comment fonctionne ce club d’affaires ?
Statutairement, il n’a pas changé. Nous souhaitons toujours le décloisonnement entre les différents secteurs, qu’ils soient publics, privés et internationaux. Depuis un an avant la crise « covidienne », nous avons commencé à ouvrir des Antennes régionales. Notre volonté est toujours la même du début, soit faire se rencontrer des personnalités du monde économique (chefs d’entreprise ou cadres) pour échanger nos connaissances de la façon la plus positive possible et favoriser la création de connexions économiques. Avant le Covid- 19, nous étions 700 membres et espérons revenir à ce volume prochainement, ce qui nous oblige à rester les hyperactifs que nous avons toujours été ! En 30 ans,nous avons proposé des centaines d’évènements riches et variés, de rencontres exceptionnelles de Mikhail Gorbatchev à Pierre Cardin, du Général Giap à François Hollande, en passant par de nombreuses personnalités tant économiques que politiques comme des Présidents de la Confédération et j’en passe !

À quels enjeux êtes-vous aujourd’hui confrontés ?
En 30 ans, les entreprises ont dû faire face à d’importantes avancées technologiques. Nous sommes passés de la secrétaire dactylo au monde numérique demandant aux dirigeants de plus en plus à s’adapter et l’obligation d’être stratégiquement proactifs, d’où l’importance d’une formation et d’une information continue. Nous devons également engager une réflexion avec le progrès de la robotique jusqu’où pourra-t-elle remplacer l’humain. Noussommes confrontés à un monde qu’il va falloir dompter pour préserver la richesse économique tout en maintenant l’emploi, qu’il faudra sans doute adapter à de nouvelles donnes. Qu’est-ce-que l’on va décider pour nous même. Je dis souvent « L’économie d’aujourd’hui est déjà l’ancienne de demain », ce qui impose d’avoir un regard sur ce qui va arriver. Les choses avancent à une telle vitesse que nous nous devons d’avoir une vision sur l’avenir. Face aux enjeux climatiques, les entreprises ont eu cette prise de conscience globale et agissent dans ce sens en y intégrant désormais le côté économique de leurs activités.

Quel est votre cheval de bataille dans un futur proche ?
Nous souhaitons tendre vers une plus grande ouverture de notre réseau d’affaires. Nous sommes apolitiques, nous avons toujours accueilli tous les groupes même les extrêmes dans un respect mutuel pour des débats constructifs. Ce qui permet à tout à chacun de s’exprimer, de s’ouvrir aux autres, de partager nos points de vues et connaissances, qui plus est dans le monde des affaires. Mon adage ? Cette phrase que j’ai faite mienne « Il n’y a que ceux qui rampent qui ne tombent jamais ! » En effet, n’ayons jamais peur d’entreprendre, quitte à tomber. La réussite est sans doute de s’être relevés une fois de plus que d’être tombés ! Parmi nos adhérents, nous y rencontrons tant le banquier privé que le restaurateur, le garagiste ou l’économiste, tant des  plus expérimentés que les jeunes, des femmes et des hommes qui pensent que la richesse se trouve dans le partage de nos différences !

Jeannette Monarchi

Enza Testa Haegi

C’est aussi …

Le Cercle des Dirigeants d’Entreprises de Genève, 1er réseau d’affaires depuis 30 ans qui fait se rencontrer des personnalités des milieux tant économiques que politiques que sociétaux !

Share This