Pour comprendre à quel point ce qu’a construit Mani Nordine est unique, il est impossible de ne pas évoquer où et comment tout a commencé. Né dans les années 1970 à Taounate, au Maroc donc, il se rappelle une enfance très tendre et heureuse : « J’ai de très beaux souvenirs de ce village pittoresque, on allait chercher l’eau au puits, on s’amusait et on montait à cheval ». Dans les années 1980, celui qui n’était alors qu’un petit garçon s’installe en France, précisément à Chenôve dans la banlieue de Dijon. Avec son père venu y travailler et le reste de sa famille, il se rappelle de conditions de vie difficiles. « C’était bizarre de passer du soleil du Maroc à la cité avec de la neige, mais, il y avait de belles choses et on s’est vite adapté », explique-t-il. Et puis un jour, le premier signe d’un fabuleux destin est apparu. Mani Nordine s’est intéressé à la gymnastique en la pratiquant sur les agrées du gymnase proche de chez lui. Il s’est très vite fait remarquer pour ses très grandes compétences d’acrobate. Après une blessure et un déménagement, le jeune talent a passé le pas de la porte d’une école de danse et a vu sa vie basculer. « J’ai regardé le clip ‘Bad’ de Michael Jackson et ça m’a fait un déclic. J’ai commencé les cours de danse, j’étais le seul garçon alors je subissais des moqueries de la part des filles », raconte Mani Nordine. Avant de poursuivre : « Mais j’ai décidé que ces moqueries seraient une source de motivation, l’ego a été mon ami et j’ai tout donné pour me faire remarquer et être le meilleur ». Après l’école, lors des récréations, le week-end, le jeune danseur mangeait, respirait, vivait pour la danse. Jusqu’à devenir le meilleur élève de son école. Véritable « machine de guerre », il s’est préparé pour le Conservatoire et a décroché la médaille d’or parmi les 1 000 participants en lice. Cette première place lui a permis l’octroi d’une bourse et un ticket d’entrée pour Broadway à l’âge de 16 ans. Le rêve américain a démarré et Mani Nordine a travaillé comme danseur puis chorégraphe pour des comédies musicales de haut niveau et de grandes stars telles que Stevie Wonder, Ricky Martin ou encore Phil Collins. Véritable touche-à-tout, il a gravi les échelons et a réussi à intégrer les plus hautes sphères du show-business. « Depuis petit, j’ai toujours visualisé mes rêves et je savais que j’allais les réaliser. C’est fou de me dire que j’avais des posters de stars de rap et de hip-hop dans ma chambre avec qui je fais du business maintenant », confie Mani Nordine avec le sourire et beaucoup de fierté.
Une mission de transmission
Aujourd’hui, Mani Nordine gère avec une équipe de plus de 200 personnes, la société de A.A.C (American Artist Company) dont il est le fondateur et le président. Cinéma, publicité, défilés de mode, il se définit comme un networker 360° qui monétise son impressionnant et gigantesque réseau. Sous son aile, plus de 150 artistes, de Bruno Mars à Lady Gaga en passant par Snoop Dog ou encore Pharell Williams. Jean-Paul Gaultier, John Galliano ou bien Philipp Plein lui ont fait confiance pour leurs défilés haute couture. Joe Davidson lui a confié la production de son film « The Hank ». La liste des succès de Mani Nordine est infinie. Mais au-delà de sa réussite financière et de la célébrité dont il bénéficie, l’homme d’affaires n’en oublie pas l’essentiel : « Ce qui me rend le plus heureux, c’est d’être libre car rien n’est plus précieux que d’avoir le temps dans la vie ». Entre la France, les États-Unis et le Maroc, le manager de stars se réjouit de ne pas être « esclave de sa vie ». « La réussite n’est pas que financière, ma force est de ne pas m’être déconnecté de la réalité. D’ailleurs, je dis souvent que je ne suis pas un riche, mais que je suis un ancien pauvre. »
Aujourd’hui, Mani Nordine souhaite mener un combat basé sur la transmission. « J’ai presque vécu un demi-siècle, je suis accompli dans ma vie personnelle et professionnelle et j’ai envie d’aider à ma manière », explique-t-il. Parrain de l’association « Les Bonnes OEuvres du Coeur », une fondation qui vient en aide à des enfants malades, il finance aussi des projets qui lui parlent et tente de changer des destins. « Par mon parcours, je veux avant tout prouver qu’il ne faut pas se trouver d’excuse, rien n’est pire que de n’avoir aucune passion et de vivre avec des regrets. La vie n’est pas un sprint, mais un marathon », assure-t-il. Et puis, Mani Nordine souhaite aussi insister sur la valeur travail et redonner ses lettres de noblesse à la France auprès des jeunes. « Concentrez-vous sur des métiers dans la finance, le juridique, entreprenez et travaillez dur jusqu’à ce que les autres pensent que c’est facile pour vous. » Avant de conclure : « J’aime trop la phrase de Jacques Brel qui dit « Méfiez-vous des rêves de jeunesse, ils finissent toujours par se réaliser ».
Jamie Lee MICHEL
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